| © Françoise Monnin |
Vers l'universalitéLa nouvelle réunion de l'Académie des Cultures, imaginée par le Prix Nobel de la paix Elie Wiesel en 1992, vient de se dérouler à Paris.
Conscients de la difficulté de leur tâche, les intellectuels réunis la semaine dernière à la Grande Halle de la Villette n'ont eu de cesse de souligner leur lucidité. Certes, ils sont venus cette année donner leur avis sur la notion de mondialisation. Mais il est aujourd'hui plus que jamais nécessaire, comme l'a souligné le biologiste français François Gros, que les scientifiques sortent de leur tour d'ivoire et s'engagent pour un monde plus juste (...). "La moitié des gens de la planète n'a jamais donné un coup de téléphone". Et, a renchéri l'auteur dramatique chilien Ariel Dorfman, "40% d'entre eux n'ont jamais été photographiés".
Pour le public privilégié - parmi lequel quelques classes de lycéens - de cette nouvelle réunion de l'Académie, toutefois, l'écoute a été riche. Notamment lors de la séance consacrée à la culture, présidée par le philosophe Umberto Eco. "Nous croyons que nous savons à tout moment tout à propos de tout" a expliqué l'Italien Furio Colombo, directeur du journal L'Unità. "Or les interprétations locales demeurent, les experts locaux demeurent, et les best sellers qui se portent bien sont presque tous nationaux. Notre mondialisation est technologique, pas culturelle".
Provocateur, l'historien tunisien Mohamed Talbi a tenté de prouver que la mondialisation était une ambition exclusivement gréco-romaine. Positif, le libanais Ezra Chammah, président du portail SoccerAge sur internet (le plus important portail dédié au football), a tenté de démontrer que le sport était le meilleur moyen de mondialiser la planète. Un milliard et demi de terriens seraient concernés par le football. Brillant, enfin, l'anthropologue japonais Kawada, qui enseigne à l'université d'Hiroshima, a expliqué combien les différences et les confrontations étaient vitales. Opposant le shintoïsme et l'animisme à l'anthropocentrisme, il a dénoncé les dangers essentiels de la mondialisation, en matière d'écologie. L'universalité, oui, la mondialisation, non : telle fut, en quelque sorte, la leçon à retenir.
| Françoise Monnin 21.11.2001 |
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