Le retour de la CommuneInaugurée hier soir en grande pompe, à l’Assemblée nationale, une exposition de peintures commémore les 130 ans de la Commune de Paris.
| Henri Cueco,
La Grève, 1969,
Huile sur toile, 190 x 250 cm.
© David Cueco |
«Le temps présent n’est pas une génération spontanée», a souligné Raymond Forni, président de l’Assemblée Nationale, en inaugurant l’exposition. Après avoir souligné l’importance du souvenir, et dressé la liste des conflits et des horreurs qu’ils engendrent dans le monde d’aujourd'hui, au nom de la liberté, il a passé la parole au président de la Société des Amis de la Commune de Paris, Claude Willard. Pétillant, le vieil homme a alors rappelé que les vingt artistes ici choisis avaient «produit les chefs-d'œuvre rassemblés, dans la foulée de Courbet et de Manet. La commune n’est pas morte», a-t-il conclu, après avoir rappelé les nombreux acquis de ce curieux gouvernement qui ne vécut que quelques mois de l’année 1871 ; juste le temps de poser des valeurs chères à la République, telles que la séparation de l’église et de l’Etat, l’émancipation féminine ou l’école laïque, gratuite et obligatoire.
| André Fougeron,
Tableau cynégétique
ou l'Hallali de Gustave Courbet,
1976, 200 x 250 cm.
© Patrice Boyer |
L’exposition est forte et belle. Dans la petite salle, une série de documents récapitule les ambitions de la Commune, relate sa répression dans le sang (20000 morts) et la punition de ses acteurs (le bagne). Dans la grande salle, vingt toiles monumentales célèbrent quelques héros, soulignent la violence des combats et exaltent la dimension collective de l’aventure. Elles sont signées Cueco, Villeglé, Fougeron, Taillandier, Pignon-Ernest…On retiendra surtout l’exceptionnel gisant peint par Velickovic (1975), et l’alignement de personnages aux bras ballants et aux regards accusateurs brossés par Rustin (2001). Et aussi, la cohérence de l’ensemble et la force de son accrochage : un coup de maître, signé Claudine Boni, commissaire de l’événement. Après les discours, sous les lambris dorés, lorsque quelques membres de la Société des Amis de la Commune de Paris ont entonné Le Temps des cerises, flottait un délicieux parfum de démocratie.
| Françoise Monnin 22.11.2001 |
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