| Paolo Uccello
Sainte (Scolastique ?)
avec deux enfants
détrempe sur panneau,
79x35 cm |
Uccello a tenu ses promessesLe fragment de retable de Paolo Uccello, proposé mardi soir par Finarte à Milan, a dépassé son estimation pour atteindre près de 10 millions de francs.
Ce portrait de sainte, présumé être Scolastique, la sœur de Benoît, peint autour de 1435, a été adjugé à 2,65 milliards de lires, soit 3,075 milliards de lires avec les commissions (10,45 millions FF). L’acheteur est un collectionneur privé italien, dont l’identité n’a pas été révélée. L’enchère a été brève, un opposant se maintenant en course jusqu’à 2,6 milliards avant de se retirer. Les musées n’y ont pas participé. Ce prix marque un record pour une œuvre d’art vendue aux enchères en Italie. Le précédent avait été établi par un «fond or» du siennois Bartolomeo Bulgarini, vendu le 19 avril 2001 chez Semenzato à Florence pour 2,7 milliards de lires (9,1 millions FF).
Quel aurait pu être le prix si le tableau avait été proposé sur le marché international ? Pour Alessandro Galli, reponsable du département tableaux anciens, «il aurait pu monter jusqu’à 1,5 ou 2 millions £ si l’enchère avait eu lieu à Londres, par exemple, voire beaucoup plus en cas de duel entre deux musées américains.» Une estimation qui est une pure hypothèse puisque le tableau est grevé par une notifica du ministère de la Culture, ou refus d’exportation. «A la mort d’Alessandro Contini-Bonacossi, à la fin des années 1970, ses héritiers ont payé les droits de succession par une dation. Les œuvres qu’ils ont conservées, considérées comme patrimoine national, ont reçu ce classement, qui diminue évidemment leur prix lorsqu’elles passent en salles des ventes. On peut émettre un recours contre un refus d’exportation mais il a peu de chances d’aboutir sauf dans certains cas, comme une réattribution.». Un autre effet de la législation qui s’y rapporte est non négligeable : il laisse 60 jours à l’Etat pour racheter le tableau à son nouveau propriétaire au prix qu’il a atteint lors de la vente. «Nous n’avons pas d’informations en ce sens, précise Alessandro Galli. Passé ce laps de temps, l’acheteur en est propriétaire à tous les effets.»
Si Uccello a porté la vente, le produit réalisé dépassant de peu la valeur des estimations, on note cependant que plus de la moitié des lots sont restés invendus. Mais les ténors se sont bien comportés : un portrait par Jacopino del Conte a été adjugé à 230 millions lires (estimation 200 millions), un paysage de Carlevaris à 465 millions (estimation 400 millions) et un «fond or» toscan du 14e siècle à 180 millions contre une prévision de 125 millions. Avec les commissions, la vente a rapporté 6,5 milliards de lires, autre record pour une enchère en Italie.
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