Quand symbolisme rimait avec silenceAprès un passage à l’Hôtel de Ville de Bruxelles, les peintres symbolistes belges gagnent la capitale parisienne et accrochent aux murs des instants de silence.
| Xavier Mellery, La terrasse
© Centre Wallonie-Bruxelles |
« Je crée mon monde personnel et je m’y promène dedans.»Le rêve de Fernand Khnopff a été exaucé au centre Wallonie-Bruxelles. Une lumière tamisée, des cimaises colorées, des œuvres discrètes, une muséographie intimiste... dans une telle ambiance, le silence se fait de lui-même. « Il s’agit d’une première, jamais ces artistes n’avaient été exposés ensemble auparavant. » nous livre Catherine de Croes, l’une des commissaires de l’exposition. Dès la fin du 19e siècle, des artistes réagissent à l’évolution du progrès et à la place qu’il occupe dans la sciété. Les symbolistes belges trouvent dans l’étude de la nature et des objets du quotidien une fuite à une réalité qui leur échappe. Selon Francis Carette, autre commissaire, «ces artistes cherchent à comprendre leur rapport au monde et l’expriment par un retour à la simplicité. »
« Il n’y a qu’une manière de peindre : chercher à être vrai, à peindre ce que l’on voit » (Maurice Pirenne)
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Le paysage occupe une place d’honneur dans l’exposition. Fernand Khnoppf s’illustre ici comme un parfait représentant de ce nouveau courant avec ses vues de Fosset, village des Ardennes belges, dans lequel on ne perçoit ni respiration, ni trace humaine. Le traitement au pastel de La bruyère rose de 1916 parvient à recréer l’atmosphère du rêve sur ce pan de colline, vierge de tout passage, uniquement traversé par un chemin de terre. Degouve de Nuncques partage avec Khnoppf cette attirance pour les milieux littéraires symbolistes. L’influence d’Edgar Poe se révèle dans le mystère émanant de certaines toiles comme Effet de nuit de 1896 ou encore La maison aveugle. Le brouillard qui plane sur ces œuvres participe à la recherche d’un paradis où silence et méditation règneraient en maître.
| Georges Le Brun, Roses sur un poële
© © Centre Wallonie-Bruxelles |
Les toiles de Xavier Mellery revendiquent un « art insoupçonné, des émotions d’art qui n’ont jamais été dites et où nous exprimerons notre humanité à nous ». Dans La terrasse, deux groupes de personnages semblent s’ignorer mutuellement tandis qu’une chaise vide au premier plan invite le spectateur à pénétrer cette solitude. Les esquisses surprenantes d’Auguste Donnay font face à des toiles de grandes dimensions dans lesquelles pèse le silence de paysages enneigés comme Glace et neige. Seule la fumée discrète de La vieille houillère dénonce une activité humaine. Le thème de la fenêtre occupe tout l’univers de Philippe Derchain. Soir de pluie introduit le spectateur dans un intérieur, face à une fenêtre par laquelle il observe une rue obscure. L’effet produit par le travail aux crayons de couleurs donne à la scène une intensité mystérieuse.
« Le peintre n’a qu’à se taire. C’est à ses tableaux de parler. » (Maurice Pirenne)
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Les scènes nocturnes apportent une ambiance toute particulière comme on peut l’observer dans Effets de nuit : la place des Recollets de Maurice Pirenne, trois dessins au fusain et pastel agencés comme un triptyque. Dans un style annonçant l’expressionnisme, Digue la nuit/ Reflets de lumière ou Digue de lumière de Léon Spilliaert confrontent l’opacité de la nuit aux éclairs des éclairages artificiels. Le silence occupe l’espace, seul un Homme qui passe et les Roses sur un poële de Georges Le Brun humanisent cet univers inhabité.
| Stéphanie Magalhaes 29.11.2001 |
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