Laure de Beauvau Craon: « C'est un moment historique pour Sotheby's »La présidente de Sotheby's France attendait cet événement depuis 10 ans : la première vente d'un auctioneer anglo-saxon à Paris. Elle a lieu aujourd'hui avec la dispersion de la seconde partie de la bibliothèque Hayoit.
Sotheby’s réalise aujourd’hui sa première vente en France.
Laure de Beauvau-Craon. C’est un moment historique. C’est en effet la première fois qu’une maison anglo-saxonne organise une vente à Paris. Et nous le faisons dans cette galerie Charpentier qui a vu passer les grandes ventes d’après-guerre, lorsque Paris était la première place mondiale. Nous renouons ainsi avec la tradition. En réalité, je devrais plutôt dire que c’est notre quatrième vente. La première, en collaboration avec l’étude Poulain et Le Fur, a été consacrée en juin 1999 au contenu du château de Groussay et a été un immense succès. La seconde, que nous voulions aussi organiser en France, a dû être menée à Londres. Il s’agissait des collections Jammes et Gillet (bibliophilie et photographie) en octobre 1999. Enfin, la troisième qui s’est déroulée en juin 2001, toujours avec Poulain et Le Fur, portait sur la première partie de la bibliothèque Charles Hayoit.
Quand a commencé votre croisade pour la libéralisation du marché français ?
Laure de Beauvau-Craon. En 1991, lorsque j’ai été nommée présidente de Sotheby’s France. L’ouverture du marché français était l’objectif que l’on m’avait donné. Ce qui était plus facile à dire qu’à faire ! Les commissaires-priseurs y étaient hostiles. Etant une profession réglementée depuis toujours, ils étaient persuadés qu’ils continueraient à être protégés. Je suis allée à Bruxelles. La France a reçu en 1995 une mise en demeure de la Commission Européenne. Alain Juppé avait prévu la fin du monopole pour le 1er janvier 1998 mais le changement de gouvernement a retardé de 3 ans l’ouverture.
Vous aviez des liens particuliers avec l’étude Poulain-Le Fur.
Laure de Beauvau-Craon. Nous continuerons à en avoir ! Maître Poulain et Le Fur seront d’ailleurs présents dans la salle aujourd’hui. Mais sans tenir le marteau puisque le marché est désormais ouvert. C’est Alain Renner qui possède le diplôme, qui a été commissaire-priseur il y a une vingtaine d’années et qui officie lors de nos ventes à Monte-Carlo, qui s’en chargera.
Privilégierez-vous certaines spécialités ?
Laure de Beauvau-Craon. Oui, le marché attire à Paris certaines spécialités comme le mobilier français de qualité, la bibliophilie, l’Art déco, l’argenterie française et les tableaux du 19e siècle.
Sotheby’s est désormais parfaitement intégré au paysage français.
Laure de Beauvau-Craon. Oui. Les commissaires-priseurs français ont fini par comprendre que la réglementation du marché les isolait au plan international. La réforme a eu lieu. J’ai été nommée au Conseil des Ventes Volontaires et Sotheby’s participe au nouveau syndicat des maisons de ventes créé par Hervé Poulain. Notre prochain objectif - il faut s’en fixer un nouveau maintenant que la première étape est franchie – développer le marché et rendre à Paris la grande place internationale qui était la sienne.
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