Accueil > Le Quotidien des Arts > Tiepolo et Watteau, la nuit américaine

Marché

Tiepolo et Watteau, la nuit américaine

La vente de dessins anciens chez Piasa, mercredi dernier, a marqué un record mondial pour un dessin de Giovanni Domenico Tiepolo et une belle enchère pour Watteau, grâce aux acheteurs d’outre-Atlantique.


Giovanni Domenico TIEPOLO
Marie Madeleine lavant les pieds
du Christ chez Simon
Plume et encre brune sur traits
de crayon noir, lavis sépia
48,5 x 38 cm
Giovanni Domenico n’est que le fils du plus célèbre des Tiepolo, Giambattista. Mais il fait honneur à la famille. Marie-Madeleine lavant les pieds du Christ chez Simon - un dessin à la plume et à l’encre brune sur des traits de crayon noir, avec un lavis sépia, de 48,5 sur 38 centimètres - a été adjugé à 1,35 millions FF (1,495 millions avec les frais). Après une enchère très disputée jusqu’à 800 000 FF, il a été emporté par un musée américain, qui n’a pas souhaité dévoiler son identité, dans l’attente de la présentation de l’œuvre au public. L’estimation était de 200 000 FF. Comment expliquer ce succès ?


Giovanni Domenico Tiepolo
L’appel de Saint Matthieu
Lavis sépia, plume et encre
brune sur traits de crayon noir
48,5 x 38 cm
«Les dessins de Giovanni Domenico Tiepolo sont très recherchés. Et la série que nous proposions était exceptionnelle, avec ses dix sujets tirés du Nouveau Testament, rappelle Patrick de Bayser, l’expert de la vente, il y avait donc un aspect très excitant de redécouverte, qui a mobilisé les amateurs. Pourquoi ce dessin a-t-il obtenu une enchère disproportionnée par rapport au suivant, La tentation du Christ (qui a atteint la cote de 660 000 FF) ? C’est là toute la question. Il s’agissait d’une très belle composition, le dessin était en excellent état et le lavis était particulièrement beau, plus chaud, plus sépia que les autres.»

Le reste de la vente a bien sûr été marqué par la belle feuille d’études de Watteau qui a, elle aussi, attiré l’intérêt d’un acheteur américain pour 2,7 millions FF (pour une estimation basse de 1,5 million). Seul bémol de la soirée, d’après Patrick de Bayser, le sort du dessin d’Odilon Redon, Trois têtes astrales qui s’est négocié en dessous de son estimation basse, malgré la redécouverte actuelle, en partie grâce à l’exposition au Louvre «La peinture comme crime», du Redon noir, cruel, de la fin des années 1880. Quant au portrait présumé de Haendel, par un anonyme anglais du 18e siècle, il a difficilement dépassé les 15000 FF de l’estimation. «Il a toutes les chances de demeurer un portrait présumé…»


 Rafael Pic
23.11.2001