Simon Kidston : «Pour Bonhams, l'international est une priorité»La fusion de Phillips UK et de Bonhams a donné naissance à la troisième maison d’enchères au monde. Le président de Bonhams Europe nous en dit plus sur ses ambitions.
L’actuel président de Bonhams, Robert Brooks, a bâti son succès sur la vente d’automobiles.
Simon Kidston. Effectivement, notre principale spécialité à ce jour, ce sont les voitures de collection. Pour une raison historique : l’actuel président du groupe est Robert Brooks. Fils du fondateur de Christie’s South Kensington, commissaire-priseur dès l’âge de 20 ans, il est l’ancien chef du département automobile chez Christie’s. Il la quitte en 1989 pour créer, à l’âge de 30 ans, la société Brooks, en emmenant avec lui toute son équipe. La première vente de Brooks – une vacation d’automobiles - a eu lieu en 1989. Avec 8 millons £, elle a marqué un record, qui n’a toujours pas été battu. En 1994, le chef du département automobile de Sotheby’s, Malcolm Barber, rejoint Brooks.
Brooks a ensuite racheté Bonhams.
Simon Kidston. Après avoir créé sa filiale américaine en 1998, Brooks est déjà la septième maison de ventes au monde, avec un un chiffre d’affaires de 40 millions £ pour 20 employés. Pour grandir encore, nous avions deux possibilités : soit recruter soit racheter une autre maison. C’est ce qui s‘est produit. Brooks a pris la majorité de Bonhams, qui était à peu près de la même dimension (40 millions £ de chiffre d’affaires, avec, cependant, dix fois plus d’employés).
Puis c’est au tour de Phillips UK…
Simon Kidston. Nous occupions à peu près le même territoire avec Phillips UK, d’où l’intérêt de parvenir à un accord. D’autant que LVMH et Simon de Pury, les nouveaux dirigeants de Phillips étaient moins intéressés par le moyen de gamme – point fort traditionnel de la branche anglaise - que par les grandes ventes internationales. Au moment où la fusion a été annoncée en septembre dernier, Phillips UK, c’était 55 bureaux, 700 employés et 80 millions £ de chiffre d’affaires. La nouvelle structure, issue de la fusion, conserve le nom de Bonhams. Elle représente maintenant 160 millions £ de chiffre d’affaires. Elle a pour président Rupert Brookes et pour vice-président Nicholas Bonhams. L’un de ses principaux actionnaires est Evert Louvermann, un Néerlandais dont la famille a fait fortune en important les automobiles Chrysler en Europe dans les années 1920.
Allez-vous vous cantonner à la Grande-Bretagne ?
Simon Kidston. Pas du tout. Notre objectif est de redévelopper Phillips, en fermant des bureaux de province, en développant certains départements comme les montres, dont la clientèle se rapproche beaucoup de celle qui achète des voitures, et en nous étendant à l’étranger. Nous avons déjà des bureaux à Marbella, nous pensons maintenant ouvrir à Madrid, en Suède, en Belgique, en Europe Centrale. La France ? Pourquoi pas, redemandez-moi dans quelques mois ! Nous observons ce marché avec beaucoup d’attention et d’intérêt. Mais pour s’y implanter, il faut beaucoup d’employés, beaucoup de capital, de nombreux experts. Un obstacle de taille tient au fait que la clientèle y est très fidèle aux maisons traditionnelles.
Dans les faits, comment s’effectuera votre expansion ?
Simon Kidston. Actuellement, Bonhams Europe, c’est 10 personnes à notre siège genevois, quatre enchères de voitures par an à Gstaad et 13 millions £ de chiffre d’affaires. Mais nous commencerons à diversifier les ventes dès cette semaine, avec des montres, des bijoux puis, l’année prochaine, avec des vins, des armes, de la porcelaine, des secteurs qui intéressent les mêmes segments de clientèle. Pour fin 2002, nous nous fixons l’objectif de 20 ventes en Europe : outre notre activité en Suisse, des vacations de bijoux en Espagne et peut-être des enchères en Belgique et aux Pays-Bas, où nous avons beaucoup de clients.
Un mot sur votre vente d'aujourd'hui à Gstaad.
Simon Kidston. Elle aura lieu pour la 4e année consécutive au Palace Hotel. C’est la seule vente exclusivement consacrée à Ferrari en Europe. L’an dernier, nous avons vendu pour 5,5 millions £. Cette année, parmi les 40 automobiles présentées, le clou sera une Ferrari de 1954, estimée à 3 millions $. Nous proposerons également des montres et des bijoux mais avec la même approche monothématique : respectivement des Patek Philippe et des bijoux en diamant. En dehors de ces ventes, Bonhams Europe réalise également des ventes de gré à gré. On nous a confié dernièrement la Bugatti Royale 1930, dont on ne connaît que 6 exemplaires. Celui que nous négocions pour un client du Japon était le véhicule personnel d’Ettore Bugatti. Il est déjà passé en salle des ventes en 1986, pour 5,5 millions £. Je ne peux pas vous dévoiler son estimation mais son prix comportera 8 chiffres, soit au moins 10 millions de dollars…
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