Gianni Berengo Gardin : «Je cherche l’homme»L’une des grandes figures de la photographie italienne bénéficie d’une rétrospective à Rome. Nous l’avons interrogé sur un demi-siècle de carrière.
Comment avez-vous commencé la photographie ?
Gianni Berengo Gardin. J’ai débuté comme amateur. Puis, après quelques années, c’est devenu une passion. J’ai habité deux ans à Paris en 1954-1955. Je travaillais le matin dans un hôtel, boulevard de la Madeleine, et ce que je gagnais me permettait d’assouvir cette passion. Je passais mes après-midi à traverser Paris avec mon Rolleiflex 6X6 : Ménilmontant, les quais… J’étais par ailleurs membre d’un club photo, c’est ainsi que j’ai pu faire la connaissance d’Edouard Boubat, de Robert Doisnau, de Willi Ronis. Ils sont devenus de vrais amis. Willi Ronis venait souvent me voir à Venise. Je garde un très bon souvenir de l’accueil que m’on fait de grands photographes à l’époque, comme Denis Masclet. Aujourd’hui, je n’ai pas beaucoup de temps mais si de jeunes photographes m’appellent, j’essaie de les recevoir, de discuter avec eux.
L’exposition qui s’achève à Rome est-elle une rétrospective ?
Gianni Berengo Gardin. Oui, elle réunit mes meilleures photographies. J’ai effectué moi-même le choix avec l’éditeur Mario Peliti et la commissaire, Giovanna Calvenzi. Au total, ce sont environ 150 images qui résument mon activité depuis 1954.
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Vous aimez aborder des thèmes de société.
Gianni Berengo Gardin. Cela ne m’intéresse pas d’être un artiste. Ce qui m’intéresse, c’est la vie de l’homme, la photo sociale. Je travaille par thèmes : les Tziganes, les maisons des Italiens, etc. J’ai fait beaucoup de reportages à l’étranger. Je me concentre maintenant sur l’Italie. Je prépare un ouvrage sur la culture du riz dans le Piémont. Le célèbre film Riz amer est consacré aux mondine, ces femmes qui désherbaient, nettoyaient les rizières. Il n’en reste plus beaucoup puisque les exploitations ont été mécanisés. Mais certains producteurs, qui ne veulent pas utiliser de désherbants, continuent à les employer. Je suis allé sur les traces des dernières mondine. Un livre sort – ce sera mon 191e ! – et une exposition sera présentée à Vercelli en mars.
Vous êtes resté fidèle au noir et blanc.
Gianni Berengo Gardin. Je dois avoir un million de photographies en noir et blanc dans mes archives. La couleur représente une part négligeable du total, 5% peut-être. Mais j’en fais parfois. Aujourd’hui, tous les journaux veulent de la couleur, j’essaie de les convaincre des vertus du noir et blanc mais ce n’est pas facile même si l’on y revient.
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