Bison, 160 cm, Magdalénien inférieur, 14 400 avant le présent
© Museo de Altamira
| | Altamira, la préhistoire superstarLa copie de la grotte néolithique, inaugurée cet été en Espagne, bat tous les records de fréquentation.
Inventées en 1879, classées au patrimoine de l’Humanité en 1985, les grottes d’Altamira suscitaient à la fin du 19e siècle l’enthousiasme d’Albert Ier de Monaco, qui y finança des recherches. Pour préserver ce témoignage de l’art paléolithique, dont les peintures ont été réalisées il y a environ 15 000 ans, il a été nécessaire d’en réserver l’entrée aux seuls spécialistes, soit un quota de moins de 10 000 personnes par an. Cependant, depuis la mi-juillet, suivant le même principe que Lascaux II, une copie des grottes est ouverte au public à faible distance de l’original. L’ensemble du projet, qui comprend un nouveau musée dessiné par l’architecte Juan Navarro Baldeweg, a été cette année l’un des finalistes du prix Mies van der Rohe de l’Union Européenne.
Pour Altamira II, on est allé au-delà de la simple copie. « La Neocueva reconstitue l'espace original, nous explique le directeur, José Antonio Lasheras. On a reconstruit la grande entrée de la grotte telle qu'elle était il y a 12 000 ans, avant son effondrement.» Plus de 50 000 mètres cubes ont été extraits du terrain pour y couler une enveloppe matérielle en silicone. Celle-ci a été réalisée par le procédé de la cire perdue, en se basant sur un moule en polyester expansé qui reconstituait la topographie de la grotte avec une précision extrême (40 000 points de mesure ont été pris au laser par mètre carré). Les peintures sont l’œuvre de Matilde Múzquiz et Pedro Saura, qui étudient les lieux depuis près de trente ans. Ils ont employé trois ans pour répéter les gestes des artistes du paléolithique, en utilisant les mêmes pigments minéraux mais en y ajoutant l’effet donné par des millénaires de ruissellement…
« Le budget global a été de 2,54 milliards de pesetas (15,3 millions d'euros) pour les bâtiments du musée, la Neocueva, et l'exposition permanente. Nous n'avons pas d'objectifs chiffrés en ce qui concerne le nombre de visiteurs. Nous souhaitons avant tout privilégier la qualité de l'accueil. Mais nous pouvons raisonnablement attendre 170 000 visiteurs annuels, ce qui constitue la plus grande affluence à ce jour. » La réalité a vite démontré l’erreur de projection. Tout l’été, des files interminables se sont formées devant les guichets comme s’il s’agissait d’obtenir une place pour la première de la Scala. A l’approche de l’automne, chaque jour ouvrable continue de voir entrer le contingent maximal autorisé : 2 300 personnes du mardi au samedi et 1 700 le dimanche. Soit environ 50 000 visiteurs par mois. De quoi faire entrer les grottes d’Altamira dans le peloton des monuments espagnols les plus visités.
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